Rendez-vous en 2025

Après La Palma, qui aura la palme ?

En ce mercredi matin, 6e jour de course, les concurrents atteignent les Canaries, un point de passage obligatoire (way point, point virtuel). Dans une vingtaine de nœuds, les 14 duos du groupe de tête ont opté pour un contournement de Palma par le Nord-Ouest. Si Pierre Leboucher et Thomas Rouxel (GUYOT Environnement - Ruban Rose) ont pris la place de leader, les écarts restent faibles : moins de 50 milles séparent ainsi le 1er du 14e

Il s’agit d’une bataille constante, d’une lutte à n’en plus finir… Se relayer, gérer son quart, tenter de trouver le sommeil, se reposer un peu, barrer surtout et avancer, coûte que coûte et sans relâche. À l’approche des Canaries, où se situe un way point (un point de passage obligatoire), les 18 duos de la Transat en Double Concarneau - Saint-Barthélemy n’ont pas vraiment pris le temps de se ménager ces dernières heures. Certes, les conditions cette nuit étaient légèrement plus clémentes qu’annoncées avec un peu plus d’une vingtaine de nœuds. Mais surtout, il y avait un choix à faire. 

Une décision à l’unisson 

Face à la décision de passer le plus au Nord-Ouest de l’île de La Palma ou de tenter le passage entre les îles de La Palma et Tenerife, le groupe de tête s’est donc décidé. Il a choisi, à l’unisson, la première option.  Au sein de la direction de course, Yann Château décrypte : « il y avait sans doute une appréhension à traverser le canal entre Palma et Tenerife. Cela obligeait à davantage de manœuvres sans avoir la garantie d’un gain important ». 

Ainsi donc, chacun a fait preuve de prudence avec toutefois un léger avantage pour le duo Pierre Leboucher - Thomas Rouxel (GUYOT Environnement - Ruban Rose) dont l’option plus Sud leur a permis de prendre les commandes de la course. « Dans le groupe de tête, ils ont tous navigué pour rester au contact, poursuit Francis Le Goff, directeur de course. Certes, il n’y a pas d’écart conséquent – les 14 duos se tiennent en près de 40 milles – et personne n’a gagné. Mais personne n’a perdu non plus et le suspense est toujours au rendez-vous. » 
 

Le « super état d’esprit » des Livory et les calamars de RLC Sailing

À plus de 260 milles des leaders, les frères Livory, Yannig et Erwan (Interaction) ont passé la latitude de Madère cette nuit à 9 nœuds de moyenne. Et les deux hommes savouraient. « Nous sommes dans un super état d’esprit », écrivent-ils malgré « une entame bien tonique à gérer ». Désormais, ils se doivent de réfléchir « à la manière de positionner le curseur de l’engagement »

Et puis on ne peut qu’avoir le sourire, ce matin, en regardant la vidéo envoyée par Laurent Givry et Estelle Greck à bord de RLC Sailing. C’est Laurent qui filme, qui montre l’intérieur de leur Figaro Beneteau 3, l’ordre qui règne dans ce petit monde. Le ton est jovial et la caméra se tourne vers l’extérieur. « On fait des surfs endiablés en direction des Canaries », s’amuse Estelle Greck qui est à la barre. Il y a trois petits calamars qui se sont échoués sur le pont dans la nuit, un enthousiasme débordant et un ciel bleu parsemé de nuages. À l’heure où, à terre, chacun va guetter la couleur du ciel pour espérer sortir au grand air et retrouver ses habitudes aux cafés, les skippers de la Transat en double – Concarneau – Saint-Barthélemy, eux, ne se lassent pas de profiter de leurs terrasses avec vue sur le large. 

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Les messages du bord reçus cette nuit : 

Pierre Leboucher, Thomas Rouxel (GUYOT Environnement – Ruban Rose)

« Nous avons pris l'option Est qui privilégie la force du vent au détriment de la direction... En gros, on va plus vite mais on fait plus de distance. C'est un arbitrage qui est toujours délicat à faire, mais on a considéré que ça pouvait être une stratégie payante. On s'est dit que dans le cadre du partenariat entre GUYOT Environnement et Ruban Rose, dans lequel GUYOT reverse 2 euros pour chaque kilomètre parcouru, c'était l'occasion d'apporter notre pierre à l'édifice ! C’est toujours sympa de voir des îles quand on est en mer. Mais c’est un endroit dangereux avec de fortes accélérations du vent entre les îles et des gros dévents derrière. On a décidé de ne pas prendre de risque et on devrait passer au Nord, entre le WPT virtuel et Las Palmas. C’est cohérent avec la suite du programme qui nous fera plonger tout de suite dans le sud. » 

Yannig et Erwan Livory (Interaction) : 

« Nous sommes dans un super état d’esprit. On analyse, on réfléchit et on agit en conséquence. Nous avons eu une entame bien tonique à gérer. La moindre défaillance technique ou humaine se paie cash, on n’a pas le droit à l’erreur et ça se voit sur le classement. Actuellement, nous réfléchissons à cette deuxième partie de descente vers la Palma et à l’endroit où nous devons positionner le curseur de l’engagement en tenant compte des heures déjà accumulées et de la fatigue ressentie. »

Estelle Greck et Laurent Givry (RLC Sailing) : 

« La douche se fait désirer et sa perspective est de plus en plus loin. Le taux d’humidité à bord avoisine les 1000% ! Mais la lune a fait son grand retour, quel bonheur de pouvoir distinguer le ciel de la mer. Les étoiles nous font honneur et il y a deux jours, nous avons vu plusieurs météorites traverser le ciel. Les dernières heures à bord ont été assez intenses et on a hâte de passer les Canaries ! On essaie aussi de se préserver autant que possible dans les conditions que l’on a. »