Rendez-vous en 2025

Le match nord-sud, le « classico » de la Transat

Martin Le Pape (Gardons la vue) a trouvé une formule pour définir le duel nord-sud : le « classico de la Transat ». Au-delà des mots, c’est la guerre des nerfs. Les nordistes semblent légèrement avantagés, les sudistes ne lâchent rien et il ne reste « que » 460 milles avant de connaître le dénouement, forcément incroyable, de cette Transat en double – Concarneau – Saint-Barthélemy.

Il faut tenter de comprendre, depuis la terre, ce qu’induit le suspense au cœur d’une course au milieu de l’océan. Les sentiments s’entremêlent entre excitation, extrême concentration, envie de se relâcher enfin, besoin de bien se reposer, nécessité d’étudier à la loupe chaque fichier météo… Certes, les Figaristes sont des durs à cuire par essence mais ils restent avant tout des femmes et des hommes de mer que les doutes affleurent parfois. Ce ressenti, Martin Le Pape (Gardons la vue) a tenté de le décrire : « on sait que ça va se jouer à rien. On a hâte d’y être et en même temps, on trouve le temps long, c’est stressant… » 

Les nordistes confirment leur avantage

À 460 milles de l’arrivée, hors de question de laisser les esprits divaguer aux petits plaisirs qui les attendent à Saint-Barthélemy, l’accueil chaleureux, les plages de sable fin et les gorgées de Rhum... Il y a une course à terminer et à gagner aussi. Et après 16 jours de mer, le match qui mobilise la tête de la course est toujours aussi indécis. Ils sont 6 duos sur la route nord, 8 duos sur la route sud. Si les sudistes avaient ces derniers jours un avantage, la balance s’est inversée. Depuis hier, les routages sont désormais favorables aux nordistes et l’actuel leader est d’ailleurs positionné au nord : TeamWork du duo Nils Palmieri - Julien Villion. 

« Les sudistes ont été confrontés à de la molle ce vendredi, confirme Yann Château à la direction de course. Ils sont donc toujours en retard par rapport à leur routage ». Seuls Bretagne - CMB Océane et MonAtoutEnergie.fr, situés le plus au sud, ont eu une vitesse plus conséquente dans ce groupe. Les nordistes, eux, sont « dans le timing » et gagnent même légèrement du temps sur les routages. En cette fin de journée néanmoins, le groupe du sud a retrouvé des vitesses en accord avec les prévisions météorologiques alors qu’une zone de molle est prévue ces prochaines heures au nord. 

« Ne rien lâcher jusqu’au bout » 
Dans les témoignages du bord, l’enthousiasme semble aussi avoir changé de camp. Chez les nordistes, c’est l’optimisme qui prédomine : « on le sent bien », confie Violette Dorange (Devenir) même si son acolyte, Alan Roberts, préconise de « rester prudent et ne rien lâcher jusqu’au bout ». Côté sudiste, on perçoit pour la première fois une pointe d’appréhension.  « Je pense que ça va peut-être passer au Nord », souffle Martin Le Pape. « C’est très serré, la météo est compliquée, ça va se jouer sur des petits détails » corrobore Pep Costa (associé à Will Harris à bord de CYBELE VACANCES-TEAM PLAY TO B).  

Les circonstances de course ne font qu’aiguiser l’intérêt pour ce sprint final depuis la terre. Et comme les skippers ont pris l’habitude d’envoyer des nouvelles en audio et en vidéo, une pointe de nostalgie se ferait presque ressentir à se dire que dans quelques jours, ces moments de vie feront déjà partie des souvenirs.  Dans la playlist des instantanées du bord ce vendredi – et pour faire le plein de bonne humeur avant le week-end – il y a la « pasta party » organisée à bord de Bretagne - CMB Océane avec sauce tomate, parmesan et charcuterie pour Elodie Bonafous et Corentin Horeau. 

Il y a aussi le coucher de soleil capté à bord de Guyot Environnement - Ruban Rose, « un des derniers de la course » rappellent Pierre Leboucher et Thomas Rouxel. Et puis il y a l’humeur de Tanguy Le Turquais et Corentin Douguet (Quéguiner - Innovéo). Corentin : « je suis sorti de la cave, je ramène un bon Bordeaux. Un Saint-Estèphe de 1989 ». « Tu vas encore faire une bonne nuit », réplique Tanguy. Ainsi va la Transat à coup de sourires, de petits moments de plaisir et d’envie de tout donner à 460 milles d’un dénouement qui s’annonce aussi chaud que le mercure de Saint-Barthélemy.