Rendez-vous en 2025

Les mélomanes du large 

C’est un point commun entre tous les skippers de la flotte : avoir préparé une playlist particulièrement conséquente. Dans les conditions virulentes comme les plus paisibles, la nuit comme le jour, en quart ou « hors quart », tous ont leurs petites habitudes musicales. Explications. 

En mer, impossible de « débrancher » complètement. Il convient de rester toujours connecté au bateau à sa bonne marche, aux bons réglages, à l’étude des conditions… Un aspect qui paraît anodin mais cette concentration constante est un conditionnement et une exigence en soi. Les divertissements seront rares. « Je crois qu’on va être bien occupé », sourit Pauline Courtois (Mutuelle Bleue). Les films ou séries à regarder à la tablette sont proscrits et les livres plutôt rares, la faute à la chasse aux kilos en trop. « Notre seul film, c’est Adrena (le logiciel de routage) », s’amuse Alicia de Pfyffer (Race for Science – Verder). 

« La musique permet de nous évader » 

Reste la musique qui a un sacré avantage : « les chansons, les podcasts, ça ne pèse pas lourd, on peut en prendre autant qu’on veut », rappelle Pierre Leboucher (Cap Ingelec). Colombe Julia (MonAtoutEnergie.fr) enchaîne : « il va nous falloir une bonne playlist vu le temps qu’on va passer en mer ! » L’importance de la musique est notée par tous les skippers. « Ça permet de se vider la tête, de se détendre », souligne Anne-Claire Le Berre (Région Bretagne – CMB Performance). « Même si on est très occupé, la musique permet de nous évader un peu », ajoute Loïs Berrehar. 

Les skippers utilisent leur AirPods, ce qui « permet de garder le contact avec le bateau » selon Julia Courtois (Ageas – Ballay – Cerfrance – Baie de Saint-Brieuc), soit via une petite enceinte. « J’espère qu’on va en prendre une pour mettre l’ambiance », lance Colombe Julia. Certains, à l’instar d’Anne-Claire Le Berre, en écoutent aussi hors quart « pour se vider la tête et bien dormir », d’autres uniquement à la barre « afin de se divertir tout en restant performant » comme Gaston Morvan (Région Bretagne – CMB Performance) 

Des styles « en fonction de l’humeur du moment » 

En revanche, en matière de style, il y a une formule qui fait l’unanimité : « j’écoute un peu de tout ». Pauline Courtois se dit « très éclectique », Chloé Le Bars explique de son côté que « c’est variable, en fonction de l’humeur du moment ». « Pour moi c’est de l’électro au portant et du reggae au près », sourit Alice de Pfyffer. Donc on va écouter de l’électro tout le temps ! »  L’électro a également les faveurs de Violette Dorange (Edenred), Julia Courtois et Edouard Golbery (Race for Science – Verder). 

Maël Garnier (Ageas – Ballay – Cerfrance – Baie de Saint-Brieuc), lui, est partisan de « la techno énervée, de la musique entre 120 et 135 BPM ». Dans les phases plus calmes, certains optent pour le reggae, d’autres pour « un style jazz manouche » (Anne-Claire Le Berre), « de la chanson française et du classique » (Sophie Faguet, Région Normandie), « des sons de guitare et de blues » (Edouard Golbery)… Arthur Hubert (MonAtoutEnergie.fr) s’amuse : « moi, j’écoute de la musique très commerciale, ça va de Cabrel à Jul… En soirée, on m’interdit souvent de mettre de la musique ! » 

Le coin des podcasts 

De son côté, Loïs Berrehar (Skipper MACIF) « aime bien cibler un artiste et télécharger deux ou trois de ses albums ». « Lors de la dernière Transat Jacques Vabre, j’avais beaucoup écouté Biga*Ranx, un groupe de reggae ». D’autres enfin s’en remettent à leurs proches comme Charlotte Yven, qui a « fait contribuer sa famille » alors que Julia Courtois « a demandé à ses copains de faire une playlist » pour « avoir un peu de tout ». 

Il y a aussi tous ceux qui emmènent avec eux des podcasts. Corentin Horeau (Mutuelle Bleue), qui dit « être un peu déconcentré par la musique », a téléchargé les émissions sportives de RMC et ‘Les Grosses têtes’ de RTL. Guillaume Pirouelle (Région Normandie) préfère les podcasts de « sport et d’endurance » quand Maël Garnier opte plutôt pour ceux d’Into the Wind (Tip & Shaft) et ceux « d’aventuriers, de sportifs, d’expéditions ». Le skipper d’Ageas – Ballay – Cerfrance – Baie de Saint-Brieuc est aussi un adepte des émissions de France Inter, tout comme sa co-skipper Julia Courtois ou encore Violette Dorange. Pierre Leboucher conclut : « parfois, on a envie d’écouter des trucs intelligents, parfois un peu moins ». Mais cela contribue, toujours, à améliorer un peu le quotidien à bord et à rester concentrer aussi, pour tout donner.